Dans cette vidéo vous allez découvrir pourquoi les végétaux sont sacrés.
Si le sujet vous passionne, prenez connaissance du texte ci-dessous qui est bien plus complet que la vidéo.
Qu’est-ce que le sacré ? Comment le définir ?
Les végétaux sacrés font partie de ce que l’on appelle les *hiérophanies biologiques (au même titre que les rythmes lunaires, le soleil, les saisons, l’agriculture ou la sexualité). La végétation est sacrée parce qu’elle est le symbole du renouvellement.
*Hiérophanie = manifestation du sacré, ainsi on appelait « hiérophantes » les prêtres chargés du culte des mystères d’Eleusis.
Les humains ont conscience que certains arbres vivent bien plus longtemps qu’eux et beaucoup pensent qu’ils gardent la mémoire de ce qu’ils ont connu.
Lamartine affirmait : « un arbre sait l’histoire de la terre mieux que l’histoire elle-même ».
Un arbre n’est jamais adoré pour lui-même, quelles que soient les religions, mais plutôt pour ce qui se révélait à travers lui, pour ce qu’il impliquait, en résumé sa signification et le symbole qui lui était attribué.
Depuis la nuit des temps, l’Homme questionne l’univers sur ses origines et espère trouver dans le sacré une réponse aux questions telles que « d’où venons-nous ? Quelle est l’origine de ce qui constitue notre corps et les éléments naturels qui nous entourent ? Les peuples premiers se sont inventés des parents naturels. Ils ont, très tôt, pris conscience de faire partie d’un grand tout
L’Homme primitif vit dans l’anxiété de voir s’épuiser les forces de la nature, il a peur que le soleil ne s’éteigne au moment du solstice d’hiver, que la lune ne disparaisse et que la végétation cesse.
Si l’arbre est chargé de forces sacrées, c’est qu’il est vertical, qu’il pousse, qu’il perd ses feuilles et les récupère, il se régénère, il meurt et ressuscite donc d’innombrables fois.
Il faut noter qu’une partie d’un végétal peut être sacrée sans avoir besoin de l’individu entier. Ainsi, il existe des bâtons, des baguettes, des rameaux, des fleurs, des racines ou des feuilles sacrés pour ce qu’ils représentent.
Très souvent, l’arbre cultuel est situé près d’un rocher et d’une source, eux aussi sacrés.
La pierre représentait la réalité, l’indestructibilité et la durée, l’arbre, la régénération périodique, la vie.
L’eau impliquait en revanche une notion de purification.
Chez les Celtes, il existait un alphabet appelé Ogham où chacune des 25 lettres correspondait à un arbre. Les druides avaient aussi élaboré un calendrier avec des signes qui correspondent à une période de naissance et à un arbre. Chaque signe possède des traits de caractère spécifiques comme nos signes astrologiques. La transmission des druides étant essentiellement orale. Parfois, elle pouvait être écrite mais tellement cryptée, qu’il est très difficile d’être certain des informations trouvées. Lorsqu’on se penche sur le sujet, on a souvent affaire à des copies de traductions, ce qui explique les variantes possibles, tant sur le choix des arbres pour chaque lettre que pour chaque signe de leur calendrier.
Dans toutes les religions, la société suit un chemin dont le rôle est de préserver l’équilibre du cosmos. Tout problème vient souvent de ce que les Grecs appelaient l’ubris : un déséquilibre lié souvent à l’égo d’un dieu, d’un roi ou d’un prêtre qui pêche par démesure.
Un indien de la tribu des Ajumas, en Californie explique ainsi sa religion :
L’esprit de mis misa, qui réside sur leur montagne sacrée est chargé de veiller au bien-être de la terre, notamment en la maintenant à une distance suffisante du soleil. Il veille également à la stabilité des saisons et de l’atmosphère, condition de l’épanouissement de la vie
Les traditions de cette tribu ont pour fonction d’assurer sa pérennité. On dit que le peuple survivra aussi longtemps que les coutumes prescrites par l’esprit de l’univers seront suivies. Mais cet indien constate qu’il existe un vide immense là où les liens spirituels qui unissaient les hommes et la nature ont disparu. Il estime que son peuple n’a pas su conserver son cordon ombilical qui le relie à sa terre-mère. Ils ont manqué à leur devoir d’après lui. Puissions-nous au travers ce sentier retrouver notre lien à la terre-mère !
Cet équilibre de l’univers et de l’Homme porte différents noms suivant les religions : le tao, le Maat en Égypte ancienne, le r’ta en Inde védique, le dharma pour les Hindous, le nirvâna des Bouddhistes etc.
L’arbre cosmique : dans de nombreuses civilisations (Mésopotamie, Amérindiens, Indiens d’Inde, Scandinavie), le cosmos en formation est représenté sous forme d’un arbre cosmique. Il implique donc une notion d’univers mais évoque également les conditions de l’Homme dans le monde. Ainsi dans le Mahâbhârata, couper l’arbre à sa racine équivaut à retirer l’Homme du cosmos.
L’origine du monde est expliquée par l’apparition d’une pousse verticale dans un chaos fangeux qui est soit un arbre, soit un roseau. On retrouve ainsi le roseau (phragmite commun) dans la cosmogonie babylonienne et japonaise ainsi que chez les zoulous. Les roseaux, premiers végétaux d’après ces mythes, ont donné naissance au premier ancêtre zoulou appelé Ouncoulouncoulou. Ailleurs comme en Égypte antique, la plante primordiale est le lotus. Pour les Mayas, ce serait une *tubéreuse qui serait à l’origine du monde. *Tubéreuse : amaryllidacée appelée Polianthes tuberosa.
La plupart des civilisations océaniennes expliquent leur conception d’êtres de chair par l’évolution progressive des végétaux, dont le roseau encore. De nombreuses civilisations imaginaient les premiers humains conçus en argile ou à partir des premiers végétaux transformés en humus.
L’arbre renversé : notre arbre cosmique est, pour bien des peuples un arbre renversé, les racines au ciel et le feuillage au sol. En témoignent :
Platon aurait écrit que Dieu a donné à l’Homme une âme qui se tient au sommet de notre corps et qui nous tire vers le monde céleste ». Pour lui, l’être humain était une plante céleste et non terrestre. Cette représentation inversée illustrerait le fait que la terre a ses racines dans le ciel.
En Inde, la tradition védique affirme que c’est la connaissance des vedas qui soutient le monde, ses hymnes seraient les feuilles de l’arbre de vie. L’âyurveda prône le respect de la nature. Il est dit que tout arbre abattu devra être replanté, qu’il faudra veiller à garder l’eau, l’air et la terre purs.
L’arbre de la connaissance ou de vie : Dans de nombreuses religions, il est question d’un arbre de vie (porteur de fruits qui accordent l’immortalité, souvent défendu par un monstre, un serpent, un dragon), mais également d’un arbre de la connaissance initiatique qui nous invite à percer les mystères habituellement cachés à l’esprit humain, accessibles seulement à des héros courageux après de terribles épreuves. Chez les Babyloniens, se dressaient deux arbres, celui de la vérité et celui de la vie. Très souvent, l’arbre de vie se trouve en un lieu inaccessible, gardé lui aussi par un monstre, parfois près du monde des morts selon les civilisations.
La croix cosmique : il arrive que l’arbre de vie soit représenté sous forme de croix et considéré comme ne faisant qu’un (au Mexique par exemple, et cela bien avant l’arrivée des conquistadors et de la religion catholique). La croix du codex Mexicain aux extrémités feuillues figure l’univers dans son entièreté.
L’arbre sec ou seul : dans un certain nombre de croyances, on trouve la mention d’un arbre, qui est sec ou seul en raison d’une malédiction. Il se situe à la limite du monde connu. Son origine pourrait remonter à la Bible. Dans le livre de Daniel (Dn 4), il est question d’une vision que le roi Nabuchodonosor rapporte au prophète Daniel pour en avoir l’interprétation. Le grand roi de Babylone raconte qu’il a vu un arbre immense, dont la cime atteignait le ciel et qui était paré d’un feuillage abondant, ainsi que de nombreux fruits. C’est alors que l’arbre est abattu et ses branches brisées. Daniel comprend la signification de ce songe. Il se tait de peur d’effrayer Nabuchodonosor qui le prie de terminer. Daniel affirme alors que cet arbre le représentait lui, dont la puissance égalait celle de l’arbre. Le fait qu’il était desséché dans le rêve annonçait la chute et la déchéance prochaine du roi.
L’arbre de Jessé : il est lié à la rédemption chrétienne et apparût au XIIIème siècle au moment où l’ordre des cisterciens était très influent. La Vierge est très importante pour eux. L’origine de cet arbre remonte à l’ancien testament dans le livre d’Isaïe. C’est un arbre puni par dieu qui reverdit ensuite sous la forme d’un premier rameau qui sort (Marie, descendante de David) et un rejeton apparaît au niveau de ses racines (Jésus). Cet épisode affirme que l’esprit de sagesse et d’intelligence, de force et de conseil, de connaissance et de piété ainsi que la crainte de Dieu le rempliront. Certains exégètes y voient aussi la symbolique de l’arbre du paradis, ou la symbolique de l’église universelle née du sacrifice de Jésus.
L’iconographie représente cet arbre avec Jessé le patriarche, endormi sur le sol et rêvant. Une lampe se trouve à côté de lui. Le tronc sort soit de sa bouche soit de son nombril. Les branches correspondent aux rois de Juda pour certains, aux prophètes pour d’autres. Tout en haut de l’arbre on plaçait la Vierge tenant l’enfant de son bras droit et lui présentant une fleur de sa main droite. Beaucoup y voient l’origine de l’arbre généalogique actuel.
De nombreux dieux de la végétation sont représentés sous formes d’arbres : Artémis en différents arbres, Attis en pin, Osiris en cèdre.
C’est souvent au sommet d’une colline et/ou sous un arbre sacré que se déroulaient les offrandes faites par les fidèles.
Dans la religion juive existe la fête traditionnelle de tou bishvat en janvier (le nouvel an des arbres) en tant que symbole de l’harmonie entre l’Homme et la nature.
Pour l’église orthodoxe, l’intégration de la religion dans le cosmos était évidente. St Ephrem a écrit dans un de ses hymnes : « tout comme le poisson dans l’eau, la nature vit en Dieu… »
Jean-Marie Pelt a expliqué comment l’homme fut incité par la religion chrétienne à dominer la nature à cause d’un verset mal traduit, mal interprété où il est dit que l’Homme doit soumettre la terre et ses créatures même si tout au long de la Bible la nature y est exaltée comme l’œuvre de Dieu.
À noter que Saint François d’Assise fut proclamé Saint patron des écologistes en 1979, sa fête est le 4 octobre.
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